Un précurseur du développement durable au Sénégal
SES ŒUVRES CRIERONT Par l’Abbé Thomas Dione : Docteur en théologie
Monseigneur François-Xavier DIONE est devenu le 15 Mai 1969 (40ème anniversaire en mai prochain) le premier évêque de THIES (SENEGAL). Très tôt, peut-être même avant sa nomination il a commencé à défricher, à bâtir, à STRUCTURER…
1- Le culte du travail
 Je commencerai par rapporter cette anecdote très éloquente. A la fin de l’année académique au grand séminaire de Sébikotane la tradition consistait, sur le chemin du retour dans nos différentes familles, à faire une halte à l’évêché. A l’occasion de ces rencontres tant appréciées, Monseigneur Dione aimait bien nous manifester sa tendresse toute paternelle. Une fois, alors qu’il nous raccompagnait à l’issue d’une belle entrevue, mon attention a été attirée par la présence d’une pépinière de manguiers bien rangée dans la cour de l’évêché. Dans le groupe, un taquin qui avait sans doute eu le même regard que moi lance à l’évêque : « Monseigneur puis-je prendre un pied de manguier ? ».La réponse paternelle, à la mesure de la provocation affective et filiale, fuse alors nette : « Da nga hamadi. Meuno dèf ni man ! »(Tu as du toupet. Ne peux-tu pas faire comme moi).
« Ne peux-tu pas faire comme moi » signifiait aller chercher des pots, ramasser les noyaux de mangue, toutes sortes d’activités que l’évêque exerçait lui-même pour avoir sa pépinière. NOUS N’EN REVENIONS PAS ! Quarante ans après cette histoire de pépinière de Monseigneur Dione, je n’ai cessé de « fouiller et bêcher », de planter et d’arroser….La passion et l’inspiration pour ce genre d’activités ne me sont venues de nulle part sinon de mon premier évêque. De fait, un évêque aussi travailleur ne pouvait me laisser indifférent. De la même façon qu’il m’a séduit il en a émerveillé bien d’autres qui, j’en suis sûr, témoigneront le moment venu. Tout simplement parce que cet évêque ne manquait pas de charismes. Je voudrais en relever deux principalement. Pour cela d’ailleurs, je ne suis pas allé chercher bien loin puisqu’ils sont clairement exprimés à travers sa devise épiscopale qui est : FIDES ET LABOR (foi et travail)
2- Un charismatique visionnaire
2.1 Fides(foi)
Fides : Nous pouvons traduire par bien d’autres mots, mais la meilleure traduction en lien avec la personnalité de Monseigneur Dione, est certainement le terme « foi ».Ce vocable est très indiqué parce que de lui découlent d’autres dimensions qui caractérisent particulièrement la personne et la vie de Monseigneur Dione. Le premier évêque de Thiès, un homme de foi ? Certainement ! Et comme la foi véritable produit nécessairement des fruits, celle de Monseigneur Dione a incontestablement porté les siens qui ont pour noms : charité, espérance, douceur, bonté…Je suis sûr que chaque fidèle ayant approché Monseigneur Dione est en mesure de continuer cette liste. Oui, Monseigneur Dione était profondément un homme de charité et un homme d’espérance. Parce que homme de charité, il a été tout ce qu’est la charité. Ai-je besoin de vous dire comment ou ce qu’est la charité. Si vous l’avez oublié, je laisse à Saint Paul, en cette année qui lui est dédiée, le soin de vous le rappeler : « la charité est serviable, excuse tout, croit tout, espère tout, supporte tout. »(1 Cor 13,4-8).Et pour être complet il ne serait pas inutile de rappeler également ce que n’est pas la charité : « la charité ne fanfaronne pas…ne cherche pas son intérêt…ne s’irrite pas…n’est pas envieuse… » (1 Cor 13,4-8)
2.2 Labor (travail)
Ce concept constitue le second charisme évident du père fondateur du diocèse de Thiès. L’anecdote de la pépinière rapportée plus haut démontre s’il en était besoin que Monseigneur Dione pratiquait un véritable culte du travail, manuel comme intellectuel. Il réfléchissait d’abord ce qu’il réalisait ensuite. Ce binôme réflexion/action portera très vite ses fruits. Jugez-en vous-même. En 1969 , Monseigneur Dione démarre le chantier du diocèse avec 5 (cinq) prêtres sénégalais (les Abbés Louis-Thomas Mendy, André Sène, Alphonse Ndione, Jean-baptiste Faye et Prosper Dione). Quatorze ans plus tard, en 1985, il part en nous laissant 25 prêtres sénégalais. En 1969, Monseigneur Dione entame le chantier du diocèse avec 7(sept) paroisses. En 1985, il part en nous laissant 18 paroisses (j’ai bien sûr compté celle de Tivaouane !). Quelle fécondité, quelles BENEDICTIONS, quelles GRÂCES ! Dois-je parler d’hôpitaux, de dispensaires, de collèges ou d’écoles. Tout cela fera l’objet de futures pages dans cette rubrique réservée à notre éminent père fondateur.
Pour peu qu’on évalue les réalisations de Monseigneur Dione durant ses 14 années à la tête du diocèse de Thiès, on comprend aisément la durée relativement brève de cet évêque sur le siège épiscopal de Thiès. Que de sacrifices il en a fallu pour que notre diocèse ait le beau visage « sans taches ni rides » (Eph 5,27) que lui a façonné son père fondateur. Monseigneur Dione s’est en effet littéralement SACRIFIE. Il s’est usé à la tâche. Il est mort, croix, plume, hilaire et truelle à la main ! Un tel homme a été un véritable pionnier. Et comme tout pionnier, il a le mérite d’avoir ouvert la voix à ses successeurs. Mais aussi, il a le mérite d’avoir montré la voix aux générations qui vont se succéder à Thiès. : jeunes, adultes, hommes, femmes, chrétiens, musulmans, agents de développement, politiciens ou membres de la société civile .Rien ne doit être ménagé pour faire mémoire de Monseigneur François-Xavier Dione. Il faut dire que ce « faire mémoire » a cruellement fait défaut après la disparition de cet illustre pasteur. Le réhabiliter constitue à mes yeux un devoir de mémoire. Le diocèse de Thiès et au-delà, l’église du Sénégal ont une dette à l’égard de ce grand apôtre don le visage restera à jamais gravé dans nos cœurs et nos esprits.
3- Un immortel
Réhabiliter Monseigneur Dione …Nous en ressentons terriblement le besoin. Ce sera une manière de nous faire pardonner 25 ans d’outrancière « dédionisation ». Le 15 Mai 1999 la paroisse de Fandène, à l’initiative de son curé de l’époque Abbé Léon Gnacadja, s’est donné la peine de marquer les trente ans du diocèse à travers une conférence sur l’œuvre de Monseigneur Dione. Cette conférence qu’accompagnait une exposition photos m’a ému à plus d’un titre. Elle venait rappeler aux iconoclastes que Monseigneur Dione est à jamais vivant dans nos cœurs, dans nos maisons, dans nos champs…De toute façon il ne sert à rien de polémiquer. Si nous nous taisons ou si nous faisons taire, les pierres crieront (Lc19, 40) ou si vous préférez les œuvres de Monseigneur Dione crieront : hôpitaux, églises, écoles ,dispensaires, prêtres, fidèles, etc. A l’image de la charité, Monseigneur Dione NE PASSERA JAMAIS ! (1 Cor 13,4-8)
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